Adolf Hitler

Je suis sorti du Palais de Justice et je suis remonté à pied vers North Beach pour voir si je ne pourrais pas emprunter quelques balles au petit malfrat de ma connaissance qui demeurait sur Telegraph Hill.

Il vivait dans un appartement de Green Street.

Evidemment, vu ma veine, le petit malfrat n’était pas chez lui. C’est sa mère qui est venue ouvrir. Je ne l’avais jamais rencontrée avant, mais j’ai compris que c’était sa mère parce qu’il m’avait beaucoup parlé d’elle. Elle m’a juste regardé et elle a dit : « Il s’est rangé. Fichez le camp. C’est un bon petit gars maintenant. Trouvez quelqu’un d’autre pour faire des casses chez les gens. »

J’ai dit : « Quoi ?

— Vous savez très bien de quoi je veux parler », a-t-elle dit. « Il ne veut plus rien avoir à faire avec des types comme vous. Il va à l’église maintenant. A la messe de six heures. »

C’était une petite vieille italienne, dans les soixante ans. Elle portait un tablier blanc. Je crois qu’elle n’a Pas très bien compris quel genre j’étais.

« Il est parti s’engager », dit-elle. « Il a le droit, vous savez. Il n’a jamais eu de gros ennuis. Rien que des bricoles. A cause de gens comme vous. Il va se battre contre Adolf Hitler. Montrer un peu à cet enfant de putain de quoi il retourne. »

Elle a commencé à fermer la porte.

« Fichez-moi le camp d’ici », a-t-elle hurlé. « Allez-vous engager ! Faites quelque chose de votre peau ! Il n’est pas trop tard ! Le bureau de recrutement est encore ouvert ! Ils vous prendront si vous n’avez pas fait de taule !

— Je n’ai pas l’impression que vous saisissez qui je suis. Je suis détective… »

Vlan !

Manifestement, on ne se comprenait pas bien.

Incroyable.

Elle croyait avoir affaire à un escroc.

Moi qui étais juste venu emprunter quelques balles.